TECHNOCENTRE : DECONNEXION OU CONNEXION CHOISIE ?
Nous parlons de « déconnexion » ou « de connexion choisie » lorsque l’activité professionnelle déborde sur le temps personnel.
Les outils de travail, de partage et de communication ont bouleversé nos activités quotidiennes en transformant profondément nos pratiques professionnelles.
Ces mêmes outils ont aussi généré une augmentation du rythme et de l’intensité du travail. Pour répondre à ces nouvelles exigences la frontière entre le monde du travail et la vie privée s’est largement distendue. La connexion sur le lieu d’habitation devient normale et même souhaitée comme pour mieux arranger sa journée. Le risque est le débordement du temps professionnel au détriment du temps de vie personnel.
En parallèle apparaissent des pratiques qui modifient notablement les rapports sociaux au travail et nos modes de fonctionnement. Nous pouvons constater de nouvelles pratiques ou « le coup de fil a la priorité sur un collègue présent, le courrier électronique sur le dossier en train d’être traité, et le bip d’un SMS arrête tout, séance tenante ». Le salarié devient dépendant et/ou « esclave » involontaire de l’usage des outils.
Il ne faut pas voir la connexion et la non-déconnexion comme purement et simplement générées par les outils numériques mais comme devant aussi beaucoup aux pratiques individuelles : certains se contraignent à « couper », pour se préserver, d’autres ne parviennent pas à le faire ; certains, en position hiérarchique, répercutent sans limites les messages sur leurs collaborateurs, d’autres sélectionnent.
Le numérique ne fait, à certains égards, qu’exacerber un problème plus large : comment, dans le travail d’aujourd’hui, l’individu trouve-t-il les ressources pour hiérarchiser les priorités, organiser les flux d’information, garder le contrôle de l’organisation de ses plages de travail.
Une négociation d’entreprise est prévue en 2018. La CFDT s’engage d’ores et déjà sur un processus de réflexion ou les salariés auront toutes leurs parts, faites-nous partager vos pratiques, les risques et bénéfices tels que vous les percevez.
Romain
20 novembre 2017 @ 11 h 46 min
Je suis tout à fait d’accord qu’ il y a besoin de réguler ce qui se passe aujourd’hui au quotidien. L’immédiateté prend le pas sur le fond (dois-je répondre à une sollicitation de Skype ? )
Je reçois des mails le lundi matin qui m’ont été envoyés le week end. Dois-je y répondre en priorité ?
Ai-je le droit de m’isoler 1h ou 2h dans une salle pour terminer un dossier de fond sans que ma hiérarchie me reproche de ne pas m’etre rendu disponible ?
Des règles de comportement, des droits doivent etre definis pour mieux vivre au travail et hors du travail.
Christian Schmidt
20 novembre 2017 @ 12 h 12 min
Souvent nous associons la durée du temps de travail au seul équilibre des temps de vie, moins souvent à ses effets sur la santé ! Chacun de nous mesure l’impact d’une charge de travail importante sur notre niveau de stress mais dès lors que la situation perdure est-on à même de mesurer ses effets induits ? Une étude récente tente de répondre à cette question :
Ces travaux montrent une association entre la durée du travail et le risque de Fibrillation Auriculaire (trouble cardiaque le plus fréquent). Pendant 10 ans de suivi sur 85 494 hommes et femmes indemnes de FA au départ, l’étude montre que 1061 patients ont développé une FA. Les résultats mettent en évidence que les personnes qui ont travaillé 55 heures ou plus par semaine ont un risque 1,4 fois plus élevé de FA par rapport à ceux qui travaillent selon un horaire standard 35-40 heures hebdomadaires (Kivimaki et al, 2017).
Cris78
22 novembre 2017 @ 9 h 50 min
TIC et charge de travail :
Nous devons relier la révolution numérique, l’augmentation de la charge de travail et le forfait jour. Les Techniciens (ETAM) dont le temps de travail sur notre site est maitrisé (hors exceptions) sont depuis quelques années dans une dynamique vertueuse (accord de maitrise du temps de travail). Les ETAM se retrouvent plus sur des temps de vie calibrés, distingués. Ce n’est pas le cas des ingénieurs&cadre. Ces derniers ont un contrat de travail spécifique ; le forfait jour dont la seule règle de contrôle du temps de travail sur le site est le temps de repos entre deux séances de travail de 11h00 en 35h00 pour le repos du weekend. Autant dire que cette population est incitée par son contrat de travail et par la force de l’exemple (environnement professionnel) à faire des heures. Solution indispensable pour progresser ; faire des heures, mais pas que ! il faut aussi des compétences techniques, relationnelles, etc, mais faire des heures est un passage obligé ! Ce problème de maitrise du temps de travail explique probablement que l’entreprise, au moins sur le site de Guyancourt, embauche surtout des ingénieurs et ce malgré les expressions de besoin des métiers qui recherchent des « opérationnels », des concepteurs.
L’augmentation de la charge de travail n’est un secret pour personne. Le plan « Drive the future » n’y déroge pas. Pour se faire nous allons encore faire appel à plus de prestation qu’il faudra bien piloter tant ils n’ont pas souvent les compétences nécessaires. Du coup nous aurons nous même encore plus de travail, pour contrôler le leur, invisible et absent de nos objectifs !
Les TIC par leur nature ont favorisé l’intensification de notre travail. L’information et la communication sont accélérée.
Un effet indirect des TIC est que nous sommes devenus dépendant de ces outils en tant qu’ils nous sont devenus indispensables pour exister, pour affirmer notre place dans l’entreprise, pour montrer notre rôle professionnel. Chacun de nous a besoin d’exister aux yeux des autres. L’usage que chacun fait de ces technologies d’information et de communication nous rassure ; je communique, j’informe et donc je suis acteur, proactif, efficace, indispensable, je suis le MEILLEUR !
Il suffirait simplement de « PENSER » notre quotidien professionnel pour percevoir combien nous sommes ridicules collectivement et de mesurer combien nos égos se flattent en permanence ! Les TIC y sont pour beaucoup.
Tout cela m’amène à penser que les TIC arrange bien l’entreprise. Par la force des choses je suis de plus en plus proactif, dépendant, « asservi ». Au final ma hiérarchie directe autant que l’entreprise s’accommodent très bien des TIC et de leurs effets indésirables sur nos vies !
Franck Daout
1 décembre 2017 @ 17 h 23 min
Je parlerai de « droit et de devoir à la déconnexion/connexion » , car si l’entreprise à son role à jouer , en tant que régulateur de la vie collective, le salarié a aussi une responsabilité envers le collectif de travail, ses collègues, ses voisins de bureau. Chaque salarié doit savoir, imaginer, ce qu’un clic , un mail , l’engagement d’une conversation via Skype , enclenche en bout de ligne. L’autonomie , la multitude d’outils, dont l’utilité et la prise en main sont laissés à l’appréciation de l’utilisateur.
On touche là aux limites de l’autonomie, de la liberté personnelle(qui comme chacun le sait, s’arrête là où comme celle d’autrui!) Alors avant de culpabiliser les salaries, l’entreprise à son role à jouer, via son management et l’exemplarité de celui-ci.
Mais comment ce management à la croisée des chemins d’injonctions bien souvent contradictoires et floues, peut-il comprendre, traduire et arbitrer des situations diverses et fluctuantes… En prennant le temps de parler tout simplement… Ou plutôt en lui laissant le temps de la parole de l’échange et de la construction base sur les rapports humains. De là a dire que la regulation du numérique passera par la deregulation de la parole, il n’y a qu’un pas que je fais…Sans hésiter. Laissons le temps de la parole aux salaries, mieux encore , organisons là et parlons du travail, du vrai ! Et nous verrons naturellement une baisse des agressions numérique…