CONSULTATION CCE : Orientations stratégiques et impacts sur l’activité et l’emploi, le regard de la CFDT
Le Comité Central d’Entreprise a été consulté, jeudi 30 novembre sur la stratégie de l’entreprise présentée dans le cadre du plan « Drive the future ».
Pour cette consultation, il nous faut répondre à 2 questions principales :
1°) Ce plan est-il bon pour l’entreprise ET ses salariés ?
2°) Ce plan est-il crédible ?
Ce plan induit de l’activité pour l’ensemble du groupe Renault. La hausse de cette activité est bien supérieure aux gains de productivité et nécessitera des ressources complémentaires y compris en interne. Les « rallonges » d’embauches dans les sites de fabrication comme d’ingénierie en sont une démonstration. Le format actuel du Technocentre est confirmé par ce plan comme le laissait supposer le projet e-tcr, avec un fort mouvement de ré- internalisation de ressources.
Nous notons aussi avec satisfaction que la priorité est au business, c’est à dire à l’activité, et non à la finance, avec un objectif de marge à 7%. Cette valeur est critiquée par nombre de spécialistes de la finance pour être peu ambitieuse. L’entreprise souhaite se garder des marges de manœuvre pour assurer la croissance des volumes et du CA.
Concernant sa vision des marchés, elle nous parait réaliste et raisonnable même si on pourrait peut-être reprocher un excès d’optimisme pour la région Amériques. Hormis l’Europe toutes les régions sont exposées à différents risques économiques ou géopolitiques mais elles restent indubitablement des plaques avec de gros potentiel de croissance. Il faut donc y être. Etre présent partout (sauf en Amérique du Nord) est en soi un vaccin contre la trop grande dépendance à peu de marchés. Il est peu probable que tous les territoires ou le groupe opère, contreperforment en même temps. A noter que contrairement à d’autres grands constructeurs mondiaux (GM, Ford, FCA, VW par ex), Renault est profitable partout ou il opère.
L’Europe reste un marché de remplacement ou le groupe vise toujours une deuxième place.
Sur le plan produit et technologique, la stratégie repose sur les 3 piliers que sont le véhicule électrique, connecté et/ou autonome. Renault a une vraie légitimité dans l’EV et un statut de précurseur sur lequel il faut capitaliser. Malheureusement nous émettons des craintes pour la remplaçante de ZOE sur la base de la nouvelle plateforme développée au Japon. Sans entrer dans les détails, il nous apparait que des choix d’architecture ont été réalisés. Nous considérons ces choix comme préjudiciables à notre capacité à remettre sur le marché une remplaçante de ZOE réellement innovante et capable de maintenir son leadership. Des études amont passant à côté du sujet et n’explorant pas un scenario de rupture pourraient nous couter cher au final. La CFDT a fait part de son inquiétude sur ce point à la DG.
Concernant les 2 autres piliers, il est indéniable que les constructeurs qui ne proposeront pas une offre pertinente par rapport aux attentes des clients dans ces domaines devront se préparer à des lendemains difficiles, tant de nombreuses fonctionnalités seront devenues des must. Alors Renault est-il bien placé dans la course ?
Si on regarde les réorganisations de ces 2 dernières années, la reprise des activités d’Intel et surtout l’effet de mise en partage de l’alliance, ou Renault pourra accéder au final à 50 milliards d’euros de travaux et d’investissement de recherche, on peut penser que l’entreprise dispose de ressources pour sortir en bonne position dans quelques années.
Au final, ce plan nous apparait donc comme porteur d’avenir et aussi important, il est crédible quant à aux capacités de l’entreprise à le respecter. Mais il ne réussira que par l’engagement de tous les salariés et l’engagement ne se décrète pas, il se cultive par le dialogue et la reconnaissance.
La CFDT Renault s’est exprimée favorablement sur cette consultation.