DIALOGUE SUR LA QUALITE DU TRAVAIL (DQT) : UN ENJEU MAJEUR POUR LE BIEN-ÊTRE DES SALARIÉS
Une équipe du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), sous la direction scientifique d’Yves Clot, intervient depuis maintenant plus de 3 ans dans le secteur des ouvrants équipés à la DE-V. Cette expérimentation a pour objectif d’organiser les conflits de critères de la qualité du travail. Soyez rassurés: elle s’inscrit dans un cadre pacifique et est soutenue pleinement par la CFDT.
Il s’agit d’organiser le nécessaire débat au plus près des situations de travail (des salariés) sur les critères de qualité du travail qui révéleront, après analyse, les « empêchements » de bien faire son travail. Le qualificatif « bien » n’est pas un jugement extérieur de ce qui est produit mais bien le jugement du salarié, en terme de satisfaction personnelle, sur ce qu’il réalise.
Ces insatisfactions, ces empêchements à bien faire son travail à force de récurrence minent la volonté, la motivation et même la santé des salariés. Les causes peuvent être de différentes natures : processus, outils inadaptés, arbitrages de mauvaise qualité, manque de soutien…
L’idée n’est pas neuve, et traite de l’écart entre travail prescrit (ou pensé) et travail réel. Mais le postulat de départ pour aborder cette problématique dans cette démarche, lui est nouveau : Qui mieux qu’un salarié pour parler de son travail, du travail réel vécu plus que du travail prescrit ?
Vers une nouvelle organisation du travail
Le premier objectif de la démarche du CNAM est l’émergence d’une organisation du travail qui stimulerait et permettrait aux salariés de s’exprimer, de façon pérenne. Comment créer ces « espaces » d’expression des salariés ? Comment, dans le film quotidien, hebdomadaire ou mensuel de son activité de travail, génère-t-on cet intermède capital pour « se soigner » ?
Aujourd’hui, nous n’avons pas de solution mais nous avons des convictions. Cela n’est possible que si cela s’organise et vient des salariés. Il faut sortir des schémas traditionnels d’organisation du travail et même plus largement ceux qui régissent aussi les relations sociales. On ne peut pas travailler sur cette question, des critères de qualité du travail, avec les logiciels d’hier. Cela est vrai pour toutes les parties prenantes au point d’en inverser les rapports. Les salariés deviennent des « clients » émettant une exigence, « je suis empêché de faire correctement mon travail, il faut traiter cette difficulté », le management et l’entreprise devient une ressource, « elle organise et travaille à la réduction du problème et modifie ce qui doit l’être pour éviter une nouvelle occurrence du problème ».
Un sujet essentiel pour la CFDT
Pour la CFDT, il s’agit d’un véritable enjeu pour l’entreprise par les gains d’efficacité potentiels, mais aussi et surtout pour les salariés en termes de bien-être et de santé au travail. Un salarié en capacité de bien faire son travail est un salarié bien sa tête, bien dans sa peau.
Quand l’entreprise communique sur les résultats de l’enquête HAY et plus particulièrement sur les sujets « enablement » et « organisation du travail » avec de mauvais résultats, nous sommes au cœur de la problématique que nous souhaitons traiter.
La CFDT ne se lassera pas de porter ce sujet qui doit modifier positivement le travail comme les relations sociales dans l’entreprise de demain. Alors que l’expérience sur ce sujet menée à Flins par le CNAM, porte ses fruits de l’aveu même de la direction, nous regrettons que sur le Technocentre les choses soient plus difficiles. Les vieux démons de la prescription à tous crins sont toujours bien présents tout comme le vieux réflexe du « dis-moi quel est ton problème, je vais te dire comment le résoudre ». Ces dispositions d’esprit sont clairement antinomiques avec la génération d’un véritable Dialogue sur la Qualité du Travail (DQT) émergeant par « la base ». La démarche engagée à la DE-V, peut ressembler au mieux à un chantier d’amélioration d’efficience de l’organisation mais ne peut aucunement constituer un support viable pour construire une vraie DQT.
Nous restons dans l’attente d’une vraie déclinaison dans l’ingénierie/tertiaire de ce sujet essentiel qu’est le Dialogue sur la Qualité du Travail et nous sommes dans un épais brouillard quant à la volonté réelle de la Direction de s’engager dans cette voie, ce n’est pourtant pas faute de provoquer des échanges sur le sujet.
Schmidt Christian
24 octobre 2017 @ 9 h 42 min
En parallèle du sujet ci-dessus je souhaite proposer une réflexion sur le management et l’organisation du travail :
Le management pyramidal arrive à bout de souffle et ne répond plus aux urgences imposée par la concurrence internationale et le rythme croissant des projets, d’où la nécessité d’adapter nos modes de management et nos prises de décision.
Le lien de subordination entre l’employeur et le salarié sclérose les capacités d’initiative et de créativité des salariés. Lorsque quelqu’un possède le pouvoir de sanctionner la mauvaise exécution d’une tâche il ne peut pas attendre en retour une générosité du salarié, une prise de risque ou des initiatives ambitieuses, etc.
Le management du « futur » doit se fonder sur l’autonomie des salariés, la confiance et la prise d’initiative. Ce modèle de management ne sera plus pyramidal mais transversal. Une telle vision du management se conjugue à un nécessaire droit à l’erreur. L’efficacité et la rapidité doivent primer. Chacun de nous, lorsqu’il se sent en confiance, est capable du meilleur. Il nous faut travailler dans une entreprise libérée (….respect des collaborateurs considérés comme des adultes pleinement responsables…. Voir définition Wikipédia)
Il nous faut repenser le management et l’organisation du travail. Bien sûr cela sera long et difficile.
Le Dialogue sur la Qualité du Travail est une étape nécessaire sur le long chemin qu’il nous reste à parcourir.