LA CFDT ET LA STRATEGIE VE DE RENAULT

Dès le départ la CFDT a soutenu la stratégie VE de Renault. Nous maintenons notre soutien mais nous appelons à plus d’audace.

Pour rester leader sur le marché européen il faudra offrir bien plus qu’une Twingo VE ou une ZOE dérivée d’une Leaf dédiée au marché US. Il faudra créer un VE génétiquement Renault.  Atteindre un objectif ambitieux en challengeant Design, Produit, Ingénierie, Achat, Fournisseurs, Manufacturing, Logistique… Déployer notre capacité à travailler en équipe transverse acquise au fil des années et irriguée par une parole libre. Ce savoir spécifique de Renault constitue notre richesse et n’attend qu’à se mettre au service d’une vision stratégique. Après la Twingo de Raymond Lévy, la Logan de Louis Schweitzer, la Kwid de Carlos Ghosn, nous appelons au VE Renault de Thierry Bolloré.

 

Développement

La mobilité électrique est l’unique solution viable pour réduire drastiquement les émissions de CO2 des véhicules particuliers et utilitaires légers.

Pour respecter les engagements de la France, il faudra avoir 75% du parc auto dé carboné en 2040. Le remplacement du parc automobile est lent (6% par an).  Les immatriculations VE et hybrides rechargeables devront  passer de moins de 5% en 2020 à plus de 80% en 2030 !

Pour respecter ce timing, il faudra des efforts considérables et coordonnés sur la production électrique et le réseau de distribution, les infrastructures de charge individuelles et collectives, une offre automobile complète, et  le dernier mais pas le moins important, la structuration d’une filière batterie.

Ce challenge est ambitieux.  Il peut être relevé et être économiquement et socialement rentable. Ce constat s’appuie sur des réflexions menées avec les différentes fédérations CFDT concernées.

Pour respecter les émissions de CO2, il faut que l’électricité utilisée lors du roulage mais aussi pour la production de batteries soit elle-même décarbonée.

Si la capacité globale de production électrique sera peu impactée, l’évolution du réseau sera profonde. Pouvoir alimenter des dizaines de milliers de charge ultra rapide (350kW). Reconcevoir un réseau électrique permettant la généralisation du transfert d’énergie du véhicule au réseau afin de lisser les charges et favoriser les énergies renouvelables intermittentes.

Le développement de l’infrastructure de charge constitue un maillon clef dans la réussite. Des investissements estimés à 50 milliards d’ici 2040 doivent être réalisés pour couvrir à la fois les besoins en charge individuelles, en entreprises,  les charges publiques et les charge ultra rapides en particulier sur autoroutes.

Pour assurer l’équilibre de sa balance commerciale et garantir le bilan CO2, la France et plus globalement l’Europe devront assurer la fabrication des batteries. L’importation des batteries couteraient au moins aussi chères que l’importation du pétrole (de 15 à 20 Milliards d’euros par an pour batteries contre moins de 15 pour le pétrole). Il faut assurer non seulement  l’assemblage  du pack mais aussi la fabrication des électrodes et des électrolytes. Il est urgent de ne pas rater l’occasion qu’offre l’arrivée des batteries dites de 4ème génération à électrolyte solide.

Cette filière de fabrication devra être couplée à la filière de recyclage des dites batteries.

Pour mener à bien ce plan multi-industries d’envergure, un pilotage coordonné par les pouvoirs publics est indispensable. Celui-ci aura besoin d’un engagement pro actif des différents acteurs et en particulier de Renault.

Et il appartient en propre à Renault, d’offrir une gamme complète de véhicules particuliers et d’utilitaires légers.

Pour assurer 80% des immatriculations Europe en VE et hybrides rechargeables dès 2030, les VE ne doivent plus être une ligne produit dédiée.  Dès à présent, le VE doit assurer l’ossature de l’ensemble des plateformes en étude des gammes Renault et Nissan. L’usine de Flins tout en confortant son rôle de leader pour le VE, doit aider les autres usines de Renault à acquérir les savoirs faire process spécifiques aux VE.

L’Alliance s’affiche comme le leader VE mondial. Et Renault a pour objectif d’être le leader européen sur le marché des VE. Si l’affiche est louable, cela reste une promesse creuse en absence de solutions construites. En avril 2018, l’Alliance ne représente plus que 7,5% des ventes VE et hybrides rechargeables monde. Renault 3%. La Chine représente la moitié du marché mondial du VE. Marché sur lequel Renault est encore absent. Les allemands se préparent à conforter leur image de leader en haut de gamme en préemptant ce secteur sur les VE. VW qui sera notre principal concurrent pour les volumes, a dévoilé une stratégie agressive et techniquement plausible basée sur une plateforme propulsion entièrement repensée et dédiée aux VE.

Si Renault a tout intérêt à s’appuyer sur l’Alliance pour bénéficier des économies d’échelles pour réaliser une gamme VE complète, il est aussi indispensable que Renault, créateur d’automobile, affiche sa spécificité et son savoir propre en proposant un VE emblématique qui devra prendre sa place dans la lignée des 4L, R16, Espace, Scénic, Twingo, Logan, Kwid… Sous l’impulsion de Thierry Bolloré, c’est le challenge spécifique que Renault se doit de relever… Ce n’est qu’à cette condition que la transition électrique sera favorable pour notre avenir et nos emplois.