TECHNOCENTRE : Chassez le naturel …

Depuis mars 2020, l’entreprise et surtout les salariés ont vécu, pour ceux qui le pouvaient, le télétravail de manière intensive et massive. Longtemps le retour au bureau un seul jour était soumis à autorisation préalable du manager.

Tout le monde s’est félicité de la performance réalisée, la continuation de l’activité qui pouvait l’être a été assurée. Dans le strict cadre des règles sanitaires de l’entreprise, mais aussi de la loi, l’établissement a continué de fonctionner.

Des études démontrent un gain de productivité de l’ordre de 15 à 20%.

Nous ne sommes donc plus dans l’expérience, nous sommes dans l’opérationnel.

Comme l’a dit récemment Bruno Mettling, ancien DRH d’Orange ; « Le retour au bureau doit être au cœur des priorités, car l’enjeu sera de resynchroniser tout le monde », entre ceux qui ont travaillé à distance et ceux restés sur site, ceux qui ont réussi à tirer parti du télétravail et ceux qui en ont souffert, ceux qui ont reçu un soutien suffisant de leur N + 1 et ceux qui ont manqué de reconnaissance… A fortiori dans un contexte où « la fragmentation des collectifs de travail semble s’amplifier ». Là est le challenge pour la direction

Mais voilà « chassez le naturel, il revient au galop ! », dés que l’occasion se présente, un semblant de retour à la normalité et l’absence d’obligation légale, et on ne fait plus confiance au salarié, on le juge plus assez autonome pour organiser son activité.

Certains dans l’entreprise, n’ont rien compris en voulant organiser les télétravailleurs au lieu d’organiser le télétravail !

L’application « petits bras » de l’accord du 10 juin 2021 qui traite des « nouveaux modes de travail » (sic), prête à sourire tant la démonstration se fait aujourd’hui qu’il ne peut y avoir de nouveaux modes de travail avec des modes de management d’un autre temps.

La CFDT n’était pas d’accord avec le schéma hebdomadaire et a proposé que le travail s’organise sur une maille de 2 ou 4 semaines. Il était évident que cela créerait des complications dans l’application de l’accord sans oublier la fameuse journée de l’équipe hebdomadaire ! Il n’en fallait pas plus pour scléroser le système. De nombreux accords d’entreprise raisonnent au mois. L’ouverture, c’est pour les autres.

D’un coté Renault qui s’échine à se donner une image d’employeur moderne, cool, open, inclusif…et la dure réalité où les réflexes d’une partie d’un management qui lui ne se transforme pas, et où la confiance n’existe pas.

Avoir un beau discours sur la prise de décision au plus près du terrain et décider par oukase niveau CEG de l’organisation du travail dans les UET, interroge. N’y a-t-il pas des managers au contact des réalités du terrain pour traiter de l’organisation du travail avec les équipes ? Si la performance est délivrée où est le problème du 3 jours de télétravail ?

Nous ne faisons pas une promotion du télétravail à tous crins, nous faisons la promotion de la responsabilité des salariés pour organiser leur travail mais aussi le travail de l’équipe. Chacun dans son rythme un, deux ou trois jours peu importe mais chaque salarié est en droit de bénéficier de l’accord d’entreprise. Il ne peut pas y avoir de décision ou d’arbitrage sans avoir d’abord misé sur l’intelligence collective des salariés.

Si la situation ne s’améliore pas quant à l’accès aux 3 jours de télétravail, la CFDT pourrait être amenée à reconsidérer sa signature.